Lorsque nous écoutons les parents, les enfants et les professionnels parler de l’eau,nous ne pouvons manquer de nous interroger sur les mythes, rites, fantasmes et représentations symboliques qu’elle suscite.
Les rapports que l’homme entretient depuis toujours avec l’eau sont présents dans la mythologie, la littérature et la poésie.
L’eau, c’est le plaisir, le bien-être, la détente, l’enveloppe, l’espace, la caresse, la liberté ;l’eau est stimulante, elle facilite le mouvement, les gestes. L’eau, c’est aussi la profondeur, l’apesanteur, l’équilibre, le jeu. L’eau, en tant que champ d’expériences motrices et sensorielles, permet le risque, le dépassement, la rencontre, le contact et la communication. L’eau, c’est l’autre, la peau, le corps où s’origine la vie, le retour aux sources, la naissance. L’eau, c’est l’élément vital qui donne l’énergie, que l’on boit, qui lave, qui arrose. L’eau contient quand elle est contenue. C’est l’élément naturel qui représente 75 % de la surface de notre planète et qui constitue 80% de notre corps. L’eau est indispensable à la vie végétale, animale et minérale.
Mais l’eau, c’est aussi la peur, l’angoisse, la régression, la noyade. Elle pénètre, s’infiltre, submerge, étouffe, engloutit. Elle emporte, détruit, dévaste.
Les hommes se sont toujours implantés et rassemblés dans des lieux en fonction des points d’eau, qu’elle coule abondamment ou qu’elle soit comptée, que la population soit sédentaire ou nomade. Ils se sont ainsi établis aux endroits les plus favorables à leur condition de subsistance et de développement. Depuis des millénaires notre vie est liée à l’eau : le puits ou le point d’eau sont le lieu de rassemblement des nomades ; la source apprivoisée favorise l’agriculture ; la fontaine d’où jaillit l’eau sans cesse renouvelée est symbole de jeunesse éternelle et de purification. L’homme a de tout temps cherché à en maîtriser le cours : réalisation de barrages, de réservoirs, d’aqueducs, de canaux d’irrigation et de navigation. L’eau courante coulait dans les grandes maisons romaines.
Dans toutes les civilisations, les hommes ont prêté de grandes vertus à l’eau et, de puis des temps immémoriaux, recherché les bienfaits qu’elle pouvait procurer : thermes, saunas, hammams, bains de vapeur et aujourd’hui thalassothérapie, font partie intégrante de notre histoire.
L’imaginaire, les mythes, la poésie unissent l’eau au cycle de la vie. L’eau s’écoule et symbolise notre trajet de la naissance à la mort. Nous relevons trois thèmes dominants :source de vie, moyen de purification et renaissance.
Ces thèmes se rencontrent dans les traditions les plus anciennes et forment les combinaisons imaginaires les plus variées.
Dans chaque culture, nous retrouvons l’eau symbole de la purification rituelle, de l’Islam au Japon, en passant par les rites des chrétiens (aspersion d’eau bénite, baptême). En Asie, elle est l’origine de la vie et l’élément de régénération corporelle et spirituelle, le symbole de la fertilité, de la pureté, de la sagesse, de la grâce et de la vertu. De nos jours en Inde, le Gange est toujours un lieu de pratique rituelle. Dans les traditions juives et musulmanes, l’eau symbolise d’abord l’origine de la création. Elle est source de vie,source de mort, créatrice et destructrice.
L’eau est aussi initiatique. Dans la Grèce ancienne, les adolescents étaient soumis au rite probatoire qui consistait à sauter du haut d’une falaise dans la mer. Dans certaines régions du Bantoustan (nom donné à tous les foyers d’Afrique du Sud), les adolescents subissent des immersions prolongées jusqu’à la suffocation, mort rituelle qui permet la renaissance à l’état d’adulte. L’immersion est alors régénératrice. Elle opère une renaissance. Elle est à la fois mort et vie. L’eau efface l’histoire car elle rétablit l’être dans un état nouveau.
Commentaires: 0
Enregistrer un commentaire